“Il est certain qu’un monde qui gravite autour de petites habitudes, d’un p’tit train-train, d’un p’tit confort, de p’tits soucis d’horloger, ça m’agace; je trouve que l’homme vaut mieux que ça, que c’est plus digne que ça, que c’est plus joli. Alors ça me fout en rogne.”
    
    “Il y a les bourgeois, ce ne sont pas les bourgeois. Les bourgeois, c’est une forme de matérialisme, c’est une forme de “il faut penser à plus tard”, tout ce qui tue le rêve, tout ce qui tue ce qui est joli. Pour moi c’est ça le bourgeois, c’est la sécurité, c’est une forme de médiocrité de l’âme. C’est tout ce que je n’aime pas. C’est ce qui fait les vieux.”
    
    “Un type qui est élevé en disant “et tu rencontreras une femme, et tu l’aimeras toute ta vie, et elle t’aimera toute sa vie, et tu vivras heureux sans problème, dans une petite maison, avec un petit jardin, avec un petit fauteuil et un petit poste de télévision et une petite pension.. “Voilà l’espérance. On file ça dans la tête des gens, et c’est abominable.”
   
    “L’époque est à l’intelligence, une intelligence un peu dépourvue de cœur. Il ne faut pas trop être sincère actuellement, c’est pas bien vu”.
“Le seul fait de rêver est déjà très important. 

Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir, et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns.
Je vous souhaite d’aimer et d’oublier qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des silences, je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants.
Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence, aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d’être Vous.” 

Les Marquises, 1978
    La mort des autres laisse toujours un trou béant qui jamais ne se ferme. Celle de Jacques Brel, peut-être le seul chanteur de variétés ayant réussi à élever la chanson au rang de l’œuvre d’art grâce à la magie du trio Brel-Rauber-Jouannest, tout comme celle de Miles Davis, a creusé un abîme.     
    Rares sont les artistes, autant dire les vrais, qui ont le courage de refuser de sombrer dans le vide commercial pour tenter de garder intact la pureté de leur âme et la sincérité de leur engagement. 
    “Si j’ai arrêté la chanson, c’est parce que j’avais peur de devenir habile”, à rapprocher de “Miles aurait préféré jouer de la mauvaise musique avec de mauvais musiciens plutôt que de refaire ce qu’il avait joué six mois auparavant” (Keith Jarrett, 1975), deux propos qui témoignent de la grandeur inouïe de ces Hommes d’exception.
    Vivant la scène tel “un quasi suicide à chaque chanson” (Marcel Azzola), Brel s’est toute sa vie battu pour offrir à tous les hommes les moyens de retrouver leur liberté, leur autonomie et leur authenticité en plaçant au dessus de tout le rêve et l’amour (“Je ne cours après rien, je cours devant, et j’aimerais bien que ça suive”).
    “Être total” (Juliette Gréco), Jacques Brel est avant tout un philosophe dont les réflexions singulières, souvent déstabilisantes par leur lucidité et leur grande acuité, invitent à tous les espoirs.
“Et la folie suprême  n’est -elle pas de voir la vie telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être” - “Don Quichotte” – Cervantes
Cette compilation a été réalisée en octobre 2003 pour permettre aux nouvelles générations d’espérer pouvoir fuir les prisons dans lesquelles on les enferme 
afin d’aller découvrir leur propre imaginaire et devenir eux-mêmes.
Jacques Brel à Marcel Azzola après l’enregistrement des “Marquises”
Cliquez sur la pochette pour écouter Marcel Azzola
“Il etait Amour” : Jacques Brel le philosophe
Cliquez sur la pochette pour écouter “Confidences” (extrait)